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Gin maison

Ca ne fait que quelques jours que le Conseil fédéral a annoncé son intention de voir le Pays —en particulier l’activité économique— de remettre en mouvement. Le projet est un redémarrage progressif, étape par étape. Mais le message est confus parce que fait de nuances de gris. « Tout le monde reste à la maison »  est un message blanc-noir. Il n’y a pas de marge d’interprétation. Les grands-parents qui peuvent à nouveau embraser leur petits-enfants mais pas les garder laisse une marge d’interprétation énorme. Et ça vaut pour tous les secteurs qui relancent leurs activités. Distance sociale dans les restaurants (quid de la rentabilité) avec la présidente de la Confédération qui plaisante sur le fait de manger avec un masque et sans parler de la chaines d’approvisionnement qui doit se retrouver. Et j’en passe. Ça ne fait qu’une semaine depuis l’annonce et le compte des nouvelles infections a déjà repris son chemin vers la hausse d’env. 50% par rapport aux jours précédents (il peut s’agir d’un marge d’erreur). 

Je me pose sincèrement la question de ce qui est essentiel pour survivre. Qu’est-ce qu’il me faut absolument. Le papier WC? Pas vraiment, mon WC côtoie la douce, je peux donc remplacer le papier par l’eau. Le lait? J’ai suffisamment de lait condensé et lait en poudre pour les prochains 500 cafés. Le pain? Tout le monde c’est mis à la boulangerie si je m’en tiens aux stocks —inexistants—de levures dans les magasins d’alimentation. Finalement, pas grande chose pour me pousser à sortir de mon domicile si peu souvent que possible et uniquement pour la durées nécessaire (pour paraphraser notre ministre de la santé A. Berset). 

En effet, je n’ai pas encore entendu d’un médicament que les hôpitaux auraient testé avec succès (ça va certainement arriver) pour combattre les formes sévères de la maladie. Donc, je n’ai pas vraiment des arguments valables pour retourner à la vie d’avant. Bon, c’est facile pour moi, je suis personne à risque et je n’ai plus d’activité économique pour subvenir à mes besoins. Pas tout le monde est dans ce type de position. Néanmoins, entre le « se protéger autant faire se peut en restant chez soi » et le « faire comme si de rien avait été » il y a de la marge. Je comprends la notion de « nécessité », mais est-caque cela ne vaudrait pas la peine de réfléchir à cette notion? Lui donner une nouvelle valeur? L’inconscience, l’ignorance, l’égoïsme sont des valeurs qui ne devraient plus avoir droit de cité.

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J’ai déjà expliqué comment, en partant d’un alcool de bouche, le redistiller pour en tirer un alcool à plus haut titre et produire sa propre solution hydroalcoolique. J’ai fait une digression sur la production d’éthanol tout court dans l’exemple de la production d’un Whisky maison. Pourquoi pas pousser la chansonette plus loin et faire une des boissons favorite des skypéro, je parle du Gin and Tonic. Il ne s’agit pas ici de donner la recette pour produire l’apéro, mais faire un pas en arrière et produire son propre Gin

Ce n’est pas vraiment difficile, s’agissant de la distillation d’un alcool blanc (sans gout) au travers un filet remplis d’épices, dans le cas des grandes distilleries, plus simplement de distiller une infusion d’alcool et d’épices pour en tirer, en deux passes, un gin dont la recette sera complètement personnalisée.

Gin maison
distillation deux passes, 5-7 heures

1 litre d’alcool à 96° ou trois litres de Vodka à 37.5°
eau filtrée 
mélange d’épices (voir plus bas)
30 gr glycerol 

L’alcool de bouche (non dénaturé) à haute graduation peut être acquis dans les grandes surfaces de France et d’Italie. Chez nous c’et impossible de trouver, en tant que simple consommateur, de l’éthanol. Qu’a cela ne tienne : acheter 2-3 bouteilles de Vodka (le plus bon marché fera l’affaire). En général, la Vodka n’est pas aromatisée ou alors de manière minimale.

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Mélange épices (pour 2 l d’alcool à 50°)

40 gr baies de genévrier 
20 gr coriandre en graines
10 gr écorces orange et citron (2/3 ; 1/3) 
5 gr racine séchée d’angélique
5 gr racine séchée d’aunée
5 gr amendes amères (à défaut 2 gouttes d’extrait d’amandes amères)
5 gr maniguette (graines of Paradise)
5 gr cassia (ou de cannelle)
5 gr racine séchée de gingembre (ou moitié moitié gingembre et galangal comme dans mon cas)
2 gr liquorice en poudre 
0.5 gr macis
0.5 gr cardamome 

 Le Gin se caractérise en particulier par l’utilisation de baies de genévrier pour aromatiser l’alcool. C’est une boisson qui remonte au 17e inventé dans les Pays-Bas, qui comptaient en ce temps comme une nation commerciale importante. C’est probablement ce qui explique que outre les baies de genévrier, on retrouve toute une palette d’épices qui étaient le fruits du commerce outre-mer avec l’Orient. Le mélange que je propose ne fait pas exception. Si on aime expérimenter en cuisine et on aime les arômes comme je les aime, alors on risque de tout avoir sous la main. Sinon, on voit bien à la composition que certains des odeurs représentent une fraction des éléments principaux que sont les baies de genévrier et de coriandre. A vous de vous faire une religion. Moi, j’aime l’arôme doux que laissent les écorces d’orange (c’est des oranges bio dont je prélève l’écorce avec un économique et laisse sécher sur le corps de chauffe au salon). 

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Un fois pesé les épices (je concasse grossièrement les racines de gingembre et galangal séchés), il faut aromatiser l’alcool. Dans mon cas (j’utilise de l’alcool de bouche à 96°) je verse le mélange d’épice dans l’alcool directement dans le chaudron de l’alambic et je fait bouillir env. 1.5 litres d’eau filtrée dans mon chauffe-eau. Des que l’eau bout, verser dans le chaudron jusqu’a 2 cm du bord et couvrir avec le chapiteau. 

Pour ceux qui partent de la Vodka, vider les bouteilles dans le chaudron de l’alambic jusqu’à 2cm du bord et y verser les épices. 

Dans les deux cas, procéder à une première passe avec le réchaud à fondue sans réducteur pour profiter d’une plus grande surface de combustion. Évidemment, le fait de diluer l’alcool concentré avec de l’eau bouillante accélère grandement le processus. Si on utilise de la Vodka, ça prend un peu plus de temps mais on est confinés et du temps on en a. 

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La première passe donne un alcool a env. 50°. On collecte tout, tête, corps, queue. On va fractionner lors de la deuxième passe. 

Le résultat (déjà incroyablement parfumé, avec de clairs accents côté agrumes) et remis dans le chaudron tels quel et le processus de distillation recommencé pour ce qu’on appelle la deuxième passe. Maintenant, réchaud a retrouvé son réducteur, qui même ouvert complètement, donne la bonne quantité d’énergie pour avoir un processus de séparation idéal. 

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On écarte les premier 2 cl, puis on commence la collecte. Cette fois, la concentration d’alcool à la sortie du condensateur est comprise entre 80 et 85°. 

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Continuer la collecte, jusqu’à ce que le taux d’alcool est supérieur à 50°. Stopper dès que ce sel est atteint. Si on hume une goute de condensat, on sans une odeur plus acre. Et moins d’alcool si on pose ce résidu sur la langue. 

Voilà. Il suffit maintenant de mesurer la quantité de corps qu’on aura récupéré (presque un litre) et le taux d’alcool (80°).

Diluer en utilisant une calculatrice pour la dilution que l’on trouve facilement sur le net. Volume de départ, concentration alcool départ, concentration alcool finale (dans le cas du Gin, 37.5), la calculatrice dit combien d’eau il faut rajouter. 

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Moi, j’ajoute encore un peu de glycérol (env. 15 gr/l alcool dilué), pour une meilleure sensation en bouche. 

Mettre en bouteille et attendre 15 jours avant de passer à l’apéro. 

Santé.

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